Déjà au Ve siècle av. J.C on parlait des lycanthropes. Ces récits sont relatés par Hérode et proviennent de Grèce. Par la suite, le mythe du loup-garou s’est étendu à toutes les parties du monde en partant d’Europe.
Les légendes qui circulent à propos du loup-garou sont nombreuses, même trop nombreuses pour les relater dans ce billet. Les traditions diffèrent selon les régions du monde. Ce que je vous propose c’est de faire le tour de quelques-unes de ces légendes.
Territoire de la Scythie en 100 av JC.
Les poètes grecs furent les premiers à mentionner des formes de lycanthropie dans leurs textes. Leurs idées étaient étroitement liées à l’idée d’anthropophagie.
On sait que la première mention d’une forme de lycanthropie a été faite par Hérode (484-425 av. JC). Le christianisme n’était pas encore né. Donc, le loup-garou n’est pas une invention de la religion catholique.
Dans ses écrits, Hérode parle des Neuri, une tribu habitant dans le nord-est de la Scythie, contrée des bords de la mer Noire. Ce peuple était capable de se métamorphoser en loup par magie, indépendamment d’une malédiction. Pour cela, les Neuri utilisaient des rites qu’ils destinaient à la terre, le symbole de la régénération et de la renaissance.
Les Grecs établis chez les Neures et les Scythes (autre peuple enchanteur) ont fait mention que chaque Neure se changeait en loup une fois par an, et cela pour quelques jours avant de reprendre sa forme humaine.
D’autres légendes concernant la lycanthropie durant l’Antiquité gréco-romaine sont mentionnées à travers différents écrits. Je ne vais pas toutes les mentionner, car cela serait trop long. Je me contenterai de vous en donner quelques-unes, les autres seront dans le livre « Le loup-garou de A à Z » actuellement en préparation.
Au Ier siècle, Arétée de Cappadoce parle de certains hommes persuadés être faits de verre et craignant donc d’être cassés, auquel cas ils seraient transformés en loups.
Dans un extrait du « Petrone » (manuscrit écrit en latin par Petronius Arbiter), on peut lire le récit du festin de Trimalchion où un certain Niceros raconte, alors qu’il était invité à un banquet, avoir vu un soldat se transformer en loup.
Virgile (-70 – -79) parle aussi des pouvoirs du lycanthrope dans sa 8e églogue.
Certaines divinités gréco-romaines sont aussi liées au loup, car elles se transformaient parfois en loup. Ainsi, Zeus ou Artémis prennent parfois l’apparence d’un loup tout en conservant leur caractère divin.
Trasformation du Lycaon en loup, illustration d’Hendrik Goltzius pour le livre « Métaphores d’Ovide » (1589)
Les mentions les plus fréquentes liées au loup-garou sont liées à la région montagneuse d’Arcadie. Il faut dire qu’à l’époque, les loups peuplaient cette région.
En Arcadie, on trouve des rites primitifs liés à cet animal. Par exemple, des rites avaient lieu tous les quatre ans sur le mont Lykaion, qui était vu comme le lieu de naissance du roi des Dieux, c’est-à-dire de Zeus. Ces rites étaient accompagnés de grands banquets en l’honneur de Zeus Lykaios durant lesquels le cannibalisme était pratiqué. En effet, de la chair humaine était partagée entre les participants qui étaient alors changés en loups pour neuf ans avant de retrouver forme humaine, à condition qu’ils n’aient consommé aucune chair humaine durant ce temps.
Pline l’Ancien (23 – 79), mentionne que Déménète de Parrhasie fut métamorphosé en loup après avoir gouté les entrailles d’un enfant immolé lors de l’un de ces rites. Dix ans plus tard, il retrouva forme humaine et participa aux Jeux olympiques.
Un autre rite, concernant les Arcadiens, consiste à tirer au sort l’un des membres d’une famille avant de le conduire au bord d’un étang de la région. Ses vêtements sont suspendus à un chêne et l’homme traverse l’étang à la nage avant de gagner les berges où il vivra seul. Là, il se transforme en loup et vit avec les loups pendant neuf ans. Ce temps fini, il peut regagner ses congénères et retrouver forme humaine.
Une autre légende, toujours en Arcadie, parle du roi d’Arcadie, qui avait cinquante fils, tous bons. Ces derniers édifièrent un temple en l’honneur de Zeus au sommet du mont Lykaion pour le remercier. Zeus vint leur rendre visite sous l’apparence d’un pauvre. Les fils partagèrent leur repas avec lui. Au cours de ce repas, des plats à base de la chair du plus jeune des fils fraîchement égorgé furent servis à Zeus. Mais, le dieu des dieux fut indigné et repoussa la table du festin. Il foudroya tous les fils du roi, sauf un, Nyctimos qui monta sur le trône. Lycaon, un autre des fils, fut transformé en loup. D’où le nom du mont.
Lycaon demeura un loup, incapable d’assouvir sa faim. Il fut aussi incapable d’oublier qu’il était un humain.
Ovide dans son œuvre « Métamorphoses » conte cette légende.
Le mythe du loup-garou est très répandu en Europe et l’on trouve de nombreux récits d’hommes se transformant en loup. Il est intéressant de constater que le mythe a beaucoup évolué au fil du temps. Avant, on ne parlait pas de pacte diabolique ni de lune…
Par exemple, dans la Saga d’Egill, le fils de Grimr le Chauve fut surnommé Kveld-Ulfr, ce qui signifie le loup du soir, car chaque soir, il devenait farouche.
Dans l’Edda poétique, on peut voir que des femmes peuvent aussi se transformer en louves. Ainsi, Vargynjur est la femme-louve que Thor a combattu.
Les lycanthropes de Fennoscandie sont aussi décrits comme de vieilles femmes qui possèdent des griffes empoisonnées et qui ont la capacité de paralyser les bovins et les enfants avec leur regard.
En Finlande, on trouve le vironsusi, qui est un loup-garou plutôt mélancolique. C’est un lycanthropevictime d’un sort d’une sorcière et il reste dans cet état de loup jusqu’à ce que quelqu’un le libère. Le vironsusi se cache dans les maisons et dévore le bétail. Il s’attaque rarement aux personnes et attend que quelqu’un le reconnaisse pour l’aider. Quand cela se produit, la personne qui l’a reconnu peut briser le sort en appelant le lycanthrope par son prénom ou en lui donnant du pain à manger. Lorsque le vironsusi a retrouvé sa forme humaine, il garde sa queue de loup jusqu’à sa mort.
En Angleterre, les lycanthropes sont rarement mentionnés, peut-être parce que le loup a été éradiqué durant la période anglo-saxonne. Mais, les récits concernant les lycanthropes sont courants en Irlande, qui était même surnommée Terre des loups. Plus tard, les cryptozoologues de Londres ont décrit un virus, le Lic-V, pour expliquer la lycanthropie. Pour eux, ce virus serait dans le sang des lycanthropes, se transmettrait de la même manière que le SIDA et aurait pour particularité de faire changer un homme en loup. D’où l’idée de la contagion par morsure ou griffure.
Plus tard, on s’est mis à parler du loup-garou comme d’un être damné, un être appartenant au diable.
Ainsi, lorsque Saint Patrick arriva en Irlande pour évangéliser l’île, il y trouva de nombreux loups-garous. On parla de malédictions, de sorts jetés par des sorcières… On parlait de loups-garous qui se métamorphosaient durant la fête de Yule (fête qui correspond plus ou moins à Noël). Ces derniers avaient été maudits par Saint Natalis en punition de leur méchanceté.
En Écosse, le lycanthrope est décrit comme un homme couvert d’une fine toison de poils bruns avec une tête de loup. Il est appelé le wulver et n’est pas agressif. Il passe son temps assis sur un rocher à pêcher. Il laisse même du poisson sous les fenêtres des gens pauvres.
La peur du loup-garou, gravure du sois de L. Cranach, XVIe siècle.
La France est un pays très fertile en légendes lycanthropiques. Cela peut s’expliquer par le fait que de nombreuses meutes de loups peuplaient les campagnes de notre si beau pays et que ces loups dévastaient les troupeaux de brebis, de moutons… Bref, les Français avaient peur des loups, ce qui a donné de nombreux mythes autour de cet animal.
En France, le loup-garou est vu comme un démon venu terroriser le peuple sous le commandement du Diable. Les récits évoquant des transformations involontaires sont rares.
Au IXe siècle, l’historien et le compilateur de ce siècle, Nennius, rapporte, dans son manuscrit « Historia Brittonum », que certains Celtes pouvaient prendre la forme d’un loup à volonté grâce à une force démoniaque issue de leurs ancêtres. Ainsi transformés, ils s’attaquaient aux troupeaux de moutons. Lorsque des gens armés de bâtons les poursuivaient, ils s’enfuyaient. Pour se transformer, ils quittaient leur corps humain en ordonnant à leurs amis de ne pas les changer de position, sinon ils ne pourraient plus reprendre forme humaine. D’ailleurs, si quelqu’un les blessait sous leur forme de loup, la blessure se retrouvait au même endroit sur leur corps humain.
Donc, d’après Nennius, le loup-garou serait un homme qui aurait fait un pacte avec le diable afin de pouvoir devenir un loup.
Au Xe siècle, les loups-garous étaient appelés melancholia canina et au XIVe siècle, daemonium lupum. On retrouve dans ce nom l’idée de damnation, d’un être démoniaque.
Selon le roman français « Guillaume de Palerne » écrit vers 1200, de nombreux sorciers leu-Garou avaient pour habitude de courir les champs durant les nuits de pleine lune, munis de peaux de loup, afin d’effrayer les populations.
Ici, l’idée de pleine lune commence à faire son chemin.
Vers 1131, une légende mentionne que Hugues de Camp d’Avesnes, comte de Saint-Pol, fut changé en loup-garou par une force divine en raison des crimes épouvantables qu’il avait commis. Ainsi, il parcourait les rues chargé de chaînes et en hurlant.
Ici, l’idée de se transformer en loup-garou est vue comme une punition divine.
DANS TOUS LES COINS DU MONDE, LE LOUP-GAROU EST MENTIONNÉ AVEC DES VARIANTES
PLUS OU MOINS IMPORTANTES. CELA AMÈNE À SE POSER UNE UNIQUE QUESTION : LE LOUP-GAROU EXISTE-T-IL ?
IL EST VRAI QUE L’ON NE PEUT Y AVOIR AUTANT DE LÉGENDES, AUTANT DE TÉMOIGNAGES, SANS QU’IL Y AIT UNE PART DE VÉRITÉ DANS TOUT CELA.
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