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Titre du blog : les-mordus-de-Twilight
Auteur : ptitecricri-du-tarn
Date de création : 12-04-2013
 
posté le 29-02-2016 à 22:15:22

Vampires du 17e S - Peter Plogojowitz (1666 - 1725)

Peter Plogojowitz
 
 
 
Modeste paysan serbe du XVIIIème siècle, qui devint mondialement célèbre postmortem pour avoir été un des cas de vampirisme comptant le plus de témoignages
 
Localisation : Kisiljevo, Serbie, Europe 
Date : septembre 1725 (décès de Peter Plogojowitz)
 
 
(Petar Blagojević ou Петар Благојевић en cyrillique), Peter Plogojowitz étant la version autrichienne) était un inoffensif paysan serbe, qui vivait tranquillement dans son petit village de Kisiljevo, en Serbie, au début du XVIIIème siècle. Il s'éteignit à l'âge de 62 ans, en début Septembre 1725. Jusque-là, rien qui ne sorte de l'ordinaire ; mais c'est après sa mort que cet homme entra dans l'histoire.
 

Peter Plogojowitz (1666 - 1725)

 

 

Peter Plogojowitz (1666 - 1725)

 

Les faits

 

Deux versions de l'histoire existent, toutes deux répertoriées notamment dans le Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie. de Dom Augustin Calmet (1746).

 

 

Dans la première version de l'histoire, trois jours après avoir été mis en terre, le corps de feu Petar Blagojević sortit de sa tombe. Au soir, il se dirigea tout droit vers sa maison, où son fils lui ouvrit : là, Petar réclama à manger. Le fils obéit immédiatement, le mort entra alors, se restaura et repartit aussitôt. Le lendemain, le fils raconta toute l'histoire à ses voisins, et on s'attendit alors à un retour du revenant ; mais la nuit suivante fut tranquille. 

Le soir d'après, par contre, le mort apparut une nouvelle fois à son fils et réitéra la demande faite deux jours plus tôt. On ne sait pas si, cette fois-ci, le fils accepta, mais on retrouva son cadavre dans son lit au matin suivant. Le même jour, une étrange épidémie se répandit parmi les habitants de Kisiljevo : cinq ou six personnes tombèrent subitement malades, perdant toutes leurs forces et devenant anémiques. Elles moururent peu de temps après.

 

 

Dans la deuxième version, une dizaine de semaines après son inhumation, Blagojević sortit du tombeau et rendit visite à sa femme, afin qu'elle lui « donne ses souliers ». La pauvre femme, terrorisée, quitta le village quelques jours après cet incident. Dans cette version, les agressions vampiriques sont rapportées plus explicitement : Petar Blagojević aurait visité la nuit des habitants pendant leur sommeil, et les aurait étouffé à tel point qu'en huit jours, neuf personnes de tous âges décédèrent.

L'affaire devenant grave, on avertit l'officier (Frombald, celui qui rédigea le rapport) en charge de la zone, ainsi que le curé, et on leur demanda d'exhumer Petar Blagojević sous peine de fuir le village. L'officier et le prêtre finirent par accepter. Quand le tombeau fut ouvert, on constata un certain nombre d'éléments laissant penser que l'homme était bien un vampire : 

"Le corps ne dégageait aucune mauvaise odeur, malgré le temps passé sous la terre (plus de dix semaines). Il paraissait vivant et bien formé, mis à part le nez qui semblait être « un peu flétri et desséché ». Les cheveux et la barbe du défunt avaient poussé. De nouveaux ongles avaient poussé, les anciens étaient tombés au fond de la tombe. Le corps semblait avoir mué, la peau semblait blanchâtre et morte, et une nouvelle peau apparaissait en-dessous. Les pieds et les mains étaient intacts. Du sang frais coulait de la bouche."

Les habitants, disant aussitôt que ce sang appartenait aux victimes qu'il avait fait mourir plus tôt en les étouffant, allèrent chercher un grand pieu qu'ils enfoncèrent dans la poitrine du cadavre. Du sang frais jaillit alors en abondance de la blessure et par les autres orifices du corps (bouche, nez et oreilles), et le mort éjacula (« Il rendit aussi quelque chose par la partie de son corps que la pudeur ne permet pas de nommer », d'après Calmet). On jeta alors le corps dans un bûcher, et le vampire fut réduit en cendres. 

 

 

La légende

 

Le cas de Petar Blagojević est entré dans la légende comme le premier cas de vampirisme historique bénéficiant d'une enquête et de rapports complets. L'officier chargé de faire le

rapport, M. Frombald, fut celui qui utilisa pour la toute première fois le mot vampire dans un texte, de façon officielle : « ...dergleichen personen, so sic vanpiri nennen » soit en français : « ...des dites personnes, qui se nomment ainsi "vanpir" »

 

Cette histoire fut récupérée par nombre d'auteurs de l'époque et fut très vite connue dans l'Europe entière : Michæl Ranft le rapporte dans son De Masticatione Mortuorum in Tumulis (« Des morts qui mâchent dans le tombeau ») en 1728, suivi un an plus tard par le Marquis d'Argens qui en parle dans ses Lettres Juives. En 1746, Dom Augustin Calmet consacre un chapitre au cas Blagojević dans son célèbre Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie. 

 

 

RAPPORT DE FROMBALD – au sujet de Peter Plogojovitz - 1725

 

Le 1er cas rapporté en 1725 par l’officier impérial du district de Gradiska, Frombald et qui fit connaître le mot slave ‘Vampir’ dans toute l’Europe Occidentale, fut celui de Peter Plogojovitz.

Ce dernier était un paysan du village serbe de Kisolova qui serait apparu à sa femme en lui réclamant ses souliers, et à plusieurs autres personnes, sans raison apparente 10 semaines après sa mort.

Les villageois accusaient le mort de s’être couché sur 9 personnes pendant leur sommeil et d’avoir provoqué leur décès en un court intervalle de temps. Sollicité par les habitants, l’Officier Impérial assista en compagnie du pope du village à l’exhumation du mort et put constater par ses propres moyens l’exceptionnelle conservation de son cadavre.

Le rapport qu’il à l’administration impériale à Belgrade énumère les signes qui ont permis aux villageois d’identifier Peter Plogojovitz comme vampire et de le mettre à mort.

« … D’abord de ce corps et de son tombeau ne s’exhalait pas la moindre odeur qui est pourtant celle des morts : le corps, à part le nez qui s’était quelque peu détaché, était tout frais. Les cheveux et la barbe ainsi que les ongles, dont les anciens étaient tombés, avaient poussés. Son ancienne peau, qui était quelque peu blanchâtre, avait pelé, et une nouvelle peau, fraîche, s’était formé par dessus. Le visage, les mains, les pieds, et tout le corps, étaient tels qu’ils n’auraient pu être plus parfait de son vivant. Ce n’est pas sans surprise que j’ai aperçu dans sa bouche un peu de sang frais, lequel, selon ce qu’on raconte généralement, était le sang qu’il avait sucé du corps de ceux qu’il avait fait mourir… »

 

Le rapport de Frombald attire l’attention des autorités autrichiennes sur les pratiques des populations locales qui ne manquent pas de perforer le coeur du mort à l’aide d’un pieu aiguisé avant de le brûler : « Ils l’appliquèrent sur le coeur, et quand le pieu transperça celui ci, on ne vit pas seulement une grande quantité de sang tout frais sortir de ce coeur, des oreilles et de la bouche ; on vit se manifester d’autres signes aussi, mais dont j’évite d’en parler ici en raison du respect que je vous dois. Finalement, ils brûlèrent pour le réduire en cendres ce corps dont il avait été souvent question et ils le firent dans ce cas ci selon leur manière habituelle de procéder. Voilà donc ce dont j’informe l’Honorable Administration, et l’humble et obéissant serviteur que je suis me permet de la prier, au cas ou une faute aurait pu être commise en cette affaire de ne pas l’imputer à moi même, mais à ces gens qui, pris de terreur, s’étaient trouvés comme hors d’eux mêmes »

Le proviseur Impérial Frombald du District de Gradiska

 

Le rapport envoyé à Vienne par le Kameralprovisor Frombald, et qui concerne le cas de Peter Plogojovitz n’existe que sous la forme d’une copie qui date de l’époque (de la même année).

Elle s’intitule : Copie du rapport de Monsieur Frombald, Proviseur de la Chambre Impériale à Gradiska dans le royaume de Serbie, sur les ainsi nommés Vampires ou suceurs de sang. 

Elle est conservée au Hofkammearchiv (Archives de la Cour Impériale) 

 

***

 

Dans d'autres légendes serbes, on dit que Plogojowitz (Blagojevic) serait sorti de sa tombe et se serait rendu en Angleterre pour échapper à la colère (ou a la peur) des habitants de Kisiljevo.

 

On raconte aussi que ce serait lui qui aurait créé le cimetière de Highgate.

Le village de Kisilova (Kiseljevo) n'est pas très éloigné de Medvegia (Medwegya), le village où revint Arnold Paole, un autre vampire célèbre. Cet événement marqua la première occurrence du mot "vampire", en tout premier lieu: vampyr. (“dergleichen personen, so sic vanpiri nennen”)

 

Dans son roman Un lieu incertain, paru le 25 juin 2008, Fred Vargas s'inspire très largement de la légende de Peter Plogojowitz et de celle d'Arnold Paole.

L'histoire fut mentionnée par le Marquis d'Argens dans ses Lettres juives, en 1729.